QVT : conseils et exercices pour préserver son équilibre vie pro/vie perso – Fanny Faugeron, sophrologue

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Avec l’utilisation du numérique notamment, les modes de travail ont évolué et la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle à tendance à s’estomper. Le lieu même de travail s’est profondément modifié et tend à disparaître au profit de nouveaux espaces partagés et ouverts : télétravail, open space, co-working, co-home…. On observe également un boom des indépendants avec Internet et l’auto-entrepreneuriat. Les salariés eux sont de plus en plus « connectés » en dehors des heures de bureau. Le temps de travail n’est plus continu…. et on observe ce que les spécialistes appellent « blurring », sorte de flou artistique où s’entremêlent temps de travail et vie perso.

En cette semaine de la Qualité de Vie au Travail (QVT), il semble fondamental d’aborder la question de cet équilibre vie pro/vie perso. En effet, lorsqu’il est demandé aux Français de préciser ce qu’ils associent à la QVT, la conciliation entre vie professionnelle et vie professionnelle arrive en deuxième position, juste après la nature du travail (1).

Et vous, où en êtes-vous ? Avez-vous déjà eu l’impression d’être dépassé par les tâches à accomplir ? Avez-vous déjà ressenti une oppression liée au sentiment d’urgence ? Vous êtes vous déjà surpris (se) à écouter votre conjoint(e) en même temps que vous regardez vos notifications Facebook et que vous faites réciter la poésie du petit dernier ?

Si vous avez répondu OUI à au moins une de ses affirmations, vous avez la sensation d’un déséquilibre dans votre vie entre votre sphère privée et votre sphère pro, le travail prenant trop de place dans votre vie privée à moins qu’inversement, vos obligation personnelles et familiales vous empêchent de vous réaliser pleinement dans votre job.

Alors entre désir de réussite et risque de surinvestissement, pression sociale et injonctions contradictoires, voici 3 conseils assortis de 3 exercices simples issus de la sophrologie pour vous aider à préserver cet équilibre fragile et subtile entre vie privée et vie pro. Et s’il s’agissait de ralentir un peu ?

Rétablir des limites claires pour éviter le phénomène de « blurring »

En 2016, « plus d’un tiers des actifs (37%) et 44% des cadres [utilisaient] chaque jour les outils numériques professionnels hors du temps de travail » (2). Pour un tiers des personnes, cela est plutôt perçu comme une aide à la gestion de la vie privée mais pour les deux tiers restants, cela les empêche plutôt de décrocher de leur travail… avec des préoccupations, voire des ruminations qui envahissent la sphère privée accentuant cette sensation de déséquilibre au quotidien.

Et que dire des indépendants qui sont seuls maîtres à bord et qui n’osent jamais couper leur téléphone portable de peur de rater un client ou ceux dont le bureau est dans le salon de leur appartement….

Il est donc fondamental de réapprendre à séparer travail et vie privée en remettant le travail à sa juste place et en apprenant à sanctuariser sa vie personnelle ce qui implique dans la mesure du possible d’éviter au maximum :

  • d’emporter de travail à la maison : sauf en cas d’urgence, leur traitement peut, la plupart du temps, attendre le retour au travail…
  • de régler ses problèmes persos au travail. Il existe de plus en plus de conciergeries inter-entreprises pour déléguer de petites courses par exemple et il sera toujours plus efficace de regrouper plusieurs RDV perso et tâches administratives sur une demi-journée de RTT que de les disséminer dans sa semaine de travail déjà bien remplie.

Pour les indépendants, il est important de définir des plages horaires spécifiques dédiées à chacun des secteurs de vie et s’y tenir. Utile aussi, matérialiser symboliquement son espace de travail quand on est à la maison : fermer la porte, installer un paravent, couvrir l’espace de travail d’un tissu lorsqu’on a terminé de travailler si le bureau est dans le salon ou la chambre.

EN PRATIQUE

Pour bien séparer vie pro et vie perso, il faut apprendre à être pleinement présent à ce qu’on est en train de faire ICI et MAINTENANT. Alors avant de vous mettre au travail ou avant de passer un moment avec vos proches, si vous sentez que les idées et pensées tourbillonnent dans votre tête, prenez quelques instants pour faire cet exercice rapide.
Asseyez-vous et mettez-vous quelques minutes à l’écoute de votre respiration sans en changer le rythme. Puis, yeux fermés, respirez 3 fois en inspirant profondément par le nez et en expirant (soufflant) par la bouche le plus doucement et le plus lentement possible. Imaginez que le mur devant vous est comme un tableau et vous y dessinez mentalement 3 fois de suite une spirale en commençant par l’extérieur et en finissant par l’intérieur pour revenir à l’intérieur de vous-même. Cet exercice va vous aider à vous centrer ICI et MAINTENANT, pleinement présent, concentré à ce que vous souhaitez faire.

Apprendre à faire des sas entre deux temps de vie

Commencer sa journée de travail en étant déjà éreinté par les bouchons et autres tracas matinaux (perte des clés, enfant récalcitrant quand il s’agit d’aller à l’école…), n’aide pas à aborder sereinement sa journée de travail et les tâches à accomplir. Inversement, quitter son bureau en courant en ayant laissé ses dossiers en vrac, risque de nous gâcher notre soirée en famille.

Notre mental et notre corps ont besoin de faire des sas entre deux temps de vie, comme pour mieux couper avec l’activité précédentes et anticiper avec plaisir l’activité suivante. Inutile de zapper donc à toute vitesse et de courir au bureau ou à la maison pour y déverser toutes ses tensions accumulées.

Prenez plutôt le temps de descendre une station avant votre arrêt habituel par exemple et de marcher jusqu’à votre bureau le matin et votre domicile le soir pour créer un sas entre vos deux temps de vie. En calant votre respiration sur votre marche, vous allez accentuer le bénéfice de celle-ci et vous détendre progressivement sur le trajet. Vous serez ainsi plus détendu pour aborder votre journée de travail ou votre soirée. Plus calme, vous pourrez vivre plus intensément chaque moment, en étant plus concentré au bureau et plus présent en famille. Résultat : plus de plaisir et moins de frustration !

EN PRATIQUE

Marchez plusieurs minutes à un rythme dynamique en inspirant sur 2 pas et en expirant sur 4. Vous allongez ainsi votre expiration pour vous détendre. Pendant que vous pratiquez cet exercice, ayez l’intention d’évacuer le trop plein de tensions ou de préoccupations accumulé et de vous préparer à aborder votre nouvelle activité de manière positive.

Apprendre à faire des pauses

S’accorder une pause, prendre l’air, faire du sport ou de la méditation, couper momentanément ses connexions sont autant de ponctuations dans une journée qui permettent au mental de faire une pause et ainsi de mieux passer d’une activité à une autre. Apprendre à se ressourcer, ne serait-ce que quelques minutes permet d’être plus vigilant ensuite sur une tâche et donc plus efficace. Vous gagnez ainsi du temps dans votre journée et pouvez partir un peu plus tôt par exemple pour profiter de vos proches ou aller à la piscine.

Le travail est un engagement de l’esprit, mais aussi du corps qui peut avoir un impact sur le bien-être voire sur la santé. La conscience professionnelle ne doit pas justifier des comportements nocifs pour notre santé mentale et physique. Prendre soin de soi, prendre du temps pour soi, pour se ressourcer est indispensable y compris pendant son temps de travail. La performance implique un bon équilibre corps et mental.

EN PRATIQUE
Découvrez un audio : l’exercice du calme pour faire une pause

Avec cet exercice de 5 minutes facile à mettre en place dans votre quotidien, vous vous accordez un moment de calme. Vous pouvez l’utiliser pour vous détendre et lâcher les tensions qui s’accumulent. Cette courte respiration dans votre journée vous permettra d’être plus vigilant ensuite.

Installez-vous confortablement dans votre fauteuil de bureau et laissez-vous guider par la voix du sophrologue ! 

Fanny Faugeron, sophrologue


(1) Enquête Anact mai 2013

(2) Enquête Eléas 2016